Crôa...Crôa...

Nombre de messages : 7 Age : 30 Date d'inscription : 09/09/2008

Karasu s'assit dans l'herbe. Le soleil brillait fort ce jour-là. Le jeune garçon s'était levé tard, vers onze heures du matin... C'était un samedi, jour de week-end, et malgré le monceau de travail qu'il avait à faire, Karasu était passé voir les corbeaux dans le parc. Il n'avait croisé personne de sa connaissance, étrange, normalement les étudiants aimaient étudier au soleil sur les bancs du parc. Il mit la main devant ses yeux afin de se protéger du soleil et scruta le ciel. Aucun volatile en vue. Il placa ses mains en rond autour de sa bouche et imita le cri du corbeau. Evidement il l'imitation n'était pas parfaite mais cela suffisait largement comme appel. Le jeune homme sourit et regardant autour de lui pour vérifier qu'aucun gardien ne rôdait, grimpa sur la branche d'un arbre, elle était parfaite pour lire ou même s'endormir : ses formes noueuses offraient une sorte de creux qui servait de hamac au premier venu. Karasu compta cinq secondes.

"1...2...3..4... et 5..."

Le soleil disparu sous un nuage noir, Karasu sourit : ils étaient là. Ils ? Les corbeaux, avec leurs plumages noir de jais et leurs yeux rouges lorsqu'ils se reflétaient au soleil. Pour Karasu ils étaient le signe d'une promesse. Au bouts de quelques instants les volatiles descendirent en piqué et l'arbre où s'était installé le jeune homme ne fut rempli, autour de Karasu rien que le bruissement des ailes et les crôassements de retrouvailles. Ce tintamarre dura au moins vingt minutes, le temps que tout le monde se calme et soit bien installé. Puis Karasu parla, il devait parler au chef de la bande à toutes les rencontres, c'était une sorte de cérémonie qui se passait de la manière suivante :
Karasu appelait les corbeaux et une fois tous installés il disait bonjour au chef de la bande, qui n'avait pas changé depuis de nombreuses années, et lui demandait avec moins d'espoir à chaque fois s'il avait un message pour lui. Son interlocuteur lui "répondait" que non et ils échangeaient des nouvelles, si les humains allaient organiser quelconque catastrophe, si parmi les animaux d'autres drames s'étaient produis ect...Il était même arrivé que Karasu doive raconter aux oiseaux l'histoire du dernier livre qu'il avait lu !! Enfin bref, le tout durait une heure et demi si on ne contait pas le temps que mettaient les cobreaux à arriver. Tout se passa comme prévu, mais une chose éveilla la curiosité de Karasu, cette fois-ci, le récit de son livre devait arriver en premier... Il haussa les épaules et parla pendant environ deux heures, c'était un gros livre. Pendant qu'il parlait, le jeune homme observait les gens qui passaient, les habitués toujours à la même place, les vieilles dames qui nourissaient les pigeons, les enfants qui jouaient dans le bac à sable... Mais le plus interessant consistait à repérer les nouvelles têtes, d'essayer de deviner leur présence dans la parc, qu'est-ce qui les avaient amenés ici ? Que pensaient-ils en ce moment même ? Qui attendaient-ils ? Quels sont leurs rêves ? Ont-ils déjà rencontré l'amour de leur vie ? Toutes ces questions pourraient se réunir en une seule : Quelle était leur vie ? Karasu adorait jouer à ce jeu, il s'interrompait quelques fois sans s'en rendre compte pour penser à tout ça...
Mais pas cette fois-là, il finit le récit sous les cinquantaines d'yeux qui le fixaient d'un air interessé. Le silence accueillit ses dernières paroles...
Puis... le chef s'avança et s'inclina, il le remerciait... Alors que Karasu s'affairait pour repérer le livre qu'il avait laissé sur un banc le corbeau demanda :

>> Tu ne veux pas...savoir ?

Alors que le chef parlait, Karasu cherchait son bouquin... Il ne voyait pas ce qu'il aurait pu savoir...

>> Je pense que...Amour a répondu...

Le jeune homme continua de chercher tranquillement et rit à cette réplique.

>> Amour ?!? Qui peut bien me...

Ses mains devinrent moites, ses yeux s'écarquillèrent, de la sueur apparut dans son dos malgré les quinze degré tout juste. Ce n'était pas possible...
...dodom...Dodom...DOdom...DODom...DODOm...DODOM !!!!!!!!!!!!
SOn coeur battait de plus en plus fort, ça lui faisait presque mal. Il se retourna brusquement, son visage déformé par l'émotion. Il courut vers le corbeau et tendit la main en crôassant-halentant :

>> Vous...vous avez... message ??

Il ne pouvait empêcher sa main de trembler, les autres oiseaux le regardaient aavec mépris, les volatiles ne connaissaient pas ce sentiment. Ils prenaient cela pour de la faiblesse. Mais Karasu s'en fichait, il voulait savoir, TOUT savoir !!! Le chef fit un "sourire" moqueur et tendit sa patte. Un vrai silence s'abattit autour du garçon, il y avait un bout de papier accroché...
Glups, il déglutit et mit cinq minutes à enlever le noeud, il ne sentait plus aucun de ses membres, sa tête le brulait et son front luisait de transpiration... Il déroula le papier et lut, sans y croire :

"Je pense que je n'ai même pas le droit de t'écrire ça... Tu dois sûrement me détester maintenant, mais on se connait à peine, pourtant je suis sûre de t'avoir connu auparavant... Héhé je te vois, tu as grandi depuis... la dernière fois, tu es beau tu sais..."

Il esquissa un geste de la tête mais un corbeau manqua de lui crever l'oeil. La suite justifia les moyens :

"Non...Ne te retourne pas, je sais que je te fais mal...Mais je ne pourrais pas supporter que tu poses ton regard sur moi... Je n'ai aucune excuse, je... A bientôt, je t'embrasse..."

Karasu s'effondra par terre, il se coga violement l'épaule contre une branche, mais il n'en avait rien à faire...
ELLE était là... ...dodom...Dodom...DOdom...DODom...DODOm...DODOM !!!!!!!!!!!!
Ca recommençait, ce fut peut-être la raison pourlaquelle il se retourna et se mit à courir vers la sortie, sa tête se tournait dans toutes les directions, et si c'était elle là-bas, derrière le buisson, ou elle avec l'écharpe rouge, ou elle avec le bonnet noir ou elle avec le berceau, euh non, ou...
PAF !!!!
Karasu s'étala par terre, il venait de percuter quelqu'un, il se maudit de tant de maladresse et demanda alors que les corbeaux crôassaient en s'envolant :

>> Amour te perdre !! Amour te perdre !!

Karasu ne fit pas attention, il ne savaient même pas ce que ça voulait dire !! Il se releva avec agilité et s'excusa immédiatement en tendant une main dans la direction où le choc venait de se produire :

>> Excusez-moi !!!!>< Vous allez bien, je ne vous ai pas fait mal ???

Mitsuki était levée depuis l’aube .La nuit avait été encore mouvementé, cette silhouette sombre et fantomatique de l’inconnu de ses rêves semblait de plus en plus proche. Mitsuki commençait presque à discerner certains traits du fantôme dont les yeux. Ils étaient de la couleur de l’émeraude et semblaient étrangement familier. Malgré sa, il y avait toujours la fuite qui occasionnait un déchirement profond dans le cœur de Mitsu.
Pourquoi finissait il toujours par s’enfuir et couler dans la masse sombre et houleuse de l’océan se demandait elle souvent.
Quand elle s’était réveillée, la jeune dragonne s’était rendue compte qu’elle pleurait de toutes les larmes de son corps. C’ est en partie pourquoi elle décida de se rendre à la bibliothèque, d’une part pour rendre ses livres emprunter depuis un bon moment déjà et d’ autre part pour se changer les idées. Ses journées étaient plus que moroses, elle ruminait toujours le refus de son père adoptif concernant son futur. Elle était presque prête à aller voir l’homme qui était son dieu, le dieu des maudits, pour lui faire savoir se qu’elle pensait de sa décision injuste et cruel. Mais à quoi bon ce type était aussi têtu et impossible à vivre, se n’était pas son genre de changer d’avis en claquant du doigt surtout pour ses maudits.
Mitsu était plongée dans ses pensées et ne remarqua même pas que ses pieds la conduisaient vers le parc. C’était un des raccourcis qu’elle empruntait par habitude pour se rendre en ville. Elle ne vit pas non plus le jeune homme qui lui fonça dessus.
Le choc fut brutal et Mitsuki se retrouva instantanément au sol dans une position fort peu enviable pour un maudit et pour cause à la place de la jeune fille se trouvait un petit hippocampe de couleur mauve entouré de vêtements et de livres.

*Mince !! Quelle imprudente !!! Que vais-je faire !!! Manquait plus que sa !!! *

C’est alors qu’elle vit une main géante se tendre dans sa direction.

« Excusez-moi !!!! Vous allez bien, je ne vous ai pas fait mal ??? »

De toute évidence pour la jeune fille, le garçon semblait encore un peu sonné et n’avait pas encore remarquer l’étrangeté de la situation.